Le Camp du Struthof

Le camp de concentration du Struthof a compté environ 40.000 prisonniers, originaires de la Pologne, de l'Union soviétique, de la France, des Pays-Bas, de l'Allemagne et de la Norvège. Il s'agissait principalement d'un camp de travail mais une chambre à gaz et un four crématoire y ont été installés en 1943. Le travail intensif, la malnutrition et les mauvais traitements ont causé près de 25.000 morts...

La Vie au Camp L'Alsace au temps de la Seconde Guerre Mondiale

Le 21 mai 1941, 150 condamnés de droits communs de Sachsenhausen, suivis par 286 autres, effectuent les travaux de terrassement et d’aménagement du camp, prévu pour une capacité de 3.000 places ; il recevra près de 7.000 déportés...

Le camp est destiné aux condamnés de droit commun, aux politiques, aux objecteurs de conscience et aux Juifs. Peu à peu arrivent des détenus de tous horizons : des Alsaciens, des Français, des Polonais, des Russes, des Norvégiens, des Néerlandais, des Luxembourgeois et des Allemands, ainsi que quelques Tziganes et des Juifs.

La Vie Quotidienne au Camp L'Alsace au temps de la Seconde Guerre Mondiale

La vie quotidienne des déportés se déroule toujours de la même façon. Le réveil a lieu à 4 heures du matin en été et à 6 heures en hiver, pour les journées les plus courtes. Aussitôt levés, les déportés passent aux lavabos ; torse nu ils se lavent à l'eau glacée, tant qu'il y a de l'eau. Ils s'habillent et reçoivent un demi-litre de tisane ou d'un semblant de café, puis se rendent, en rang par cinq, sur les plates-formes, où se fait le premier appel de la journée.

Lors du premier appel, les SS comptent les déportés de chaque baraque et les morts de la nuit. L'appel terminé, les déportés sont répartis en commandos de travail, puis sont emmenés vers les différents lieux de travail forcé : carrière de granit, atelier de réparations des moteurs d'avions, carrière de sable, construction de la route, ou au silo à pommes de terre, situé à 100 mètres de l'entrée du camp.

Par temps de brouillard, propice à d'éventuelles évasions, les commandos de travail ne sortent pas. À midi, les prisonniers ont droit à une maigre ration de soupe, avant de subir le deuxième appel de la journée. À 18 heures, troisième appel se déroule dans les mêmes conditions que celui du matin, plus long encore et plus pénible. La distribution du repas du soir se fait dans les baraques. La ration du déporté consiste en un demi-litre d'ersatz de café ou de tisane, avec 200 grammes de pain environ, et quelques grammes de graisse synthétique. En 1943, les rations de pain sont réduites à 100 grammes.

Les sévices quotidiens sont multiples : bastonnade, isolement, agressions de chiens, privation de nourriture... Les détenus doivent se rendre au travail quel que soit leur état physique et ne reçoivent aucun soin ; seuls les mourants accèdent à l'infirmerie. La chambre à gaz fait sa sinistre apparition dans le camp à l'été 1943 ; elle servira également à réaliser des expériences "médicales".

La Fin du Camp L'Alsace au temps de la Seconde Guerre Mondiale

En août 1944, des convois arrivent des prisons d’Épinal, Nancy, Belfort et Rennes et les SS commencent à massacrer systématiquement les détenus. Le 31 août, 2.000 détenus sont évacués sur Dachau puis, le 2 septembre Darnand et ses miliciens en fuite vers Sigmaringen arrivent au Struthof et y logent jusqu’au au 24 septembre. L’évacuation du camp se poursuit et, en avril 1945, les détenus survivants passent sous l’autorité de Dachau.

Lorsque les Américains arrivent au camp le 23 novembre 1944, celui-ci est vide, mais des centaines de cadavres s’amoncèlent près du crématoire. Struthof est le premier camp, totalement évacué, à être découvert par les Alliés occidentaux.